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Bonjour, moi c'est Marie, j'ai 32 ans, je suis la femme de Rémi qui a eu un accident de la vie il y a un peu plus d'un an maintenant. Avant l'accident, j'étais responsable de ressources humaines et j'étais enceinte de huit mois de notre fille Clémence. L'accident de Rémi a eu lieu le 22 août 2022. Il a été très vite transporté à l'hôpital, héliporté au Perray et puis transporté en réanimation.

Pour les proches, comme moi qui étaient sur les lieux de l'accident, c'est un vrai choc qui nous met dans un état qui s'appelle l'état de sidération. C'est un état second qui se déclenche face à un choc ou une menace importante. Il peut se manifester de différentes manières. Il y a certaines personnes qui peuvent se mobiliser, par exemple physiquement, ou alors faire les choses de façon très automatisée.

Dans mon cas, c'est cette seconde manière qui s'est manifestée. J'ai agi complètement par automatisme et de manière très méthodique. Un peu comme dans une espèce de bulle où tout paraît atténué et où tout est fait une chose après l'autre. Pour un peu vous faire comprendre cet état de sidération, ça ressemble à ce qu'on peut voir dans les films. Quand les personnes cessent de bulle autour d'eux et que tous les sens sont atténués. Voilà, pour moi, c'était un peu comme ça. Le quotidien a été comme ça pendant plusieurs jours. C'est à dire que tout était atténué. Le temps était ralenti. J'avais une notion très particulière du temps, des heures, de tout ce qui pouvait se passer autour en fait.

Et j'arrive finalement que mes émotions, ce qui était lié à Rémi, les gens autour de moi qui étaient impactés, qu'il fallait contacter ou autre. Avec le recul, j'ai l'impression que cet état de sidération a duré vraiment plusieurs jours et s'est atténué petit à petit. Je ne pourrais pas dire ça a duré dix jours, non, ça s'est atténué petit à petit.

En tant que femme de Rémi, et donc première aidant par la force des choses, je suis rentré dans une longue année d'action où tout le quotidien est chamboulé. Et pour cause, notre fille Clémence est née le 29 septembre, soit un mois après l'accident, alors que j'étais propulsée dans un monde que je ne connaissais pas, le monde du handicap, le monde médical qui, bien qu'on puisse l'aborder dans la vie de tous les jours, même pouvoir y avoir un peu travaillé, ça reste l'inconnu.

Donc en fait, c'est une année où j'avance à l'aveuglette, sans plus aucune projection. C'est à dire que l'humain fait tout. Tout le monde fait des projections par rapport à des situations, par rapport à un accouchement, par rapport à une arrivée d'un bébé, par rapport à tout le quotidien. Là, il n'y a plus aucune projection au moment de l'accident, tout s'est effondré et donc il faut gérer l'inconnu dans cet état second. En fait, tout ce qui compte, c'est accompagner Rémi, accueillir Clémence et continuer à avancer un pas après l'autre. Pour moi, le rôle d'aidant, il s'est mis en place par la force des choses. Il est imposé alors même que Rémi et moi avions exprimé le souhait que je ne devienne pas aidante principale, entre autres parce qu'il y avait Clémence qui était bébé et qu'on avait l'envie et peut être l'utopie, qu'elle soit le moins impactée possible par cette situation.

Cependant, le centre de rééducation décide de renvoyer Rémi à la maison puisqu'il estime qu'il y a plus de d'avancée possible sur sa rééducation et donc il rentre début juin sans auxiliaire de vie attitré puisque les formalités administratives ne sont pas terminées. Donc la MDPH, la Maison départementale du handicap, n'a pas eu le temps nécessaire pour affilier des heures d'auxiliaire de vie.

Donc Rémi rentre à la maison et je deviens aidante. Alors, qu'est ce que c'est un aidant ? Eh bien, je ne vais pas vous faire la description d'une journée type. Par contre, je vous dirai simplement que c'est celui qui fera passer l'autre avant tout, avant soi même, même si les journées sont longues et parfois harassantes, cérébrales, les jambes, les poumons et pour d'autres personnes, bien d'autres choses, de ceux qui n'en ont plus ou qui ne peuvent plus s'en servir.

Alors je voudrais juste vous dire à tous que si vous croisez un aidant, soyez sa bouffée d'air frais. Car vous le savez parfois, les aidants sont à deux doigts de ne plus respirer.

L'accident, l'instant qui a tout changé

 

 

Le témoignage de Marie, la femme de Rémi

 

 

 

Dans ce témoignage, Marie raconte la manière dont elle a vécu le jour de l’accident, et la façon dont sa vie a pris un tournant différent. Désormais aidante de Rémi, elle explique les défis du quotidien en tant que compagne d'une personne tétraplégique et maman d’un enfant en bas âge.

Bonjour, moi c'est Marie, j'ai 32 ans, je suis la femme de Rémi qui a eu un accident de la vie il y a un peu plus d'un an maintenant. Avant l'accident, j'étais responsable de ressources humaines et j'étais enceinte de huit mois de notre fille Clémence. L'accident de Rémi a eu lieu le 22 août 2022. Il a été très vite transporté à l'hôpital, héliporté au Perray et puis transporté en réanimation.

Pour les proches, comme moi qui étaient sur les lieux de l'accident, c'est un vrai choc qui nous met dans un état qui s'appelle l'état de sidération. C'est un état second qui se déclenche face à un choc ou une menace importante. Il peut se manifester de différentes manières. Il y a certaines personnes qui peuvent se mobiliser, par exemple physiquement, ou alors faire les choses de façon très automatisée.

Dans mon cas, c'est cette seconde manière qui s'est manifestée. J'ai agi complètement par automatisme et de manière très méthodique. Un peu comme dans une espèce de bulle où tout paraît atténué et où tout est fait une chose après l'autre. Pour un peu vous faire comprendre cet état de sidération, ça ressemble à ce qu'on peut voir dans les films. Quand les personnes cessent de bulle autour d'eux et que tous les sens sont atténués. Voilà, pour moi, c'était un peu comme ça. Le quotidien a été comme ça pendant plusieurs jours. C'est à dire que tout était atténué. Le temps était ralenti. J'avais une notion très particulière du temps, des heures, de tout ce qui pouvait se passer autour en fait.

Et j'arrive finalement que mes émotions, ce qui était lié à Rémi, les gens autour de moi qui étaient impactés, qu'il fallait contacter ou autre. Avec le recul, j'ai l'impression que cet état de sidération a duré vraiment plusieurs jours et s'est atténué petit à petit. Je ne pourrais pas dire ça a duré dix jours, non, ça s'est atténué petit à petit.

En tant que femme de Rémi, et donc première aidant par la force des choses, je suis rentré dans une longue année d'action où tout le quotidien est chamboulé. Et pour cause, notre fille Clémence est née le 29 septembre, soit un mois après l'accident, alors que j'étais propulsée dans un monde que je ne connaissais pas, le monde du handicap, le monde médical qui, bien qu'on puisse l'aborder dans la vie de tous les jours, même pouvoir y avoir un peu travaillé, ça reste l'inconnu.

Donc en fait, c'est une année où j'avance à l'aveuglette, sans plus aucune projection. C'est à dire que l'humain fait tout. Tout le monde fait des projections par rapport à des situations, par rapport à un accouchement, par rapport à une arrivée d'un bébé, par rapport à tout le quotidien. Là, il n'y a plus aucune projection au moment de l'accident, tout s'est effondré et donc il faut gérer l'inconnu dans cet état second. En fait, tout ce qui compte, c'est accompagner Rémi, accueillir Clémence et continuer à avancer un pas après l'autre. Pour moi, le rôle d'aidant, il s'est mis en place par la force des choses. Il est imposé alors même que Rémi et moi avions exprimé le souhait que je ne devienne pas aidante principale, entre autres parce qu'il y avait Clémence qui était bébé et qu'on avait l'envie et peut être l'utopie, qu'elle soit le moins impactée possible par cette situation.

Cependant, le centre de rééducation décide de renvoyer Rémi à la maison puisqu'il estime qu'il y a plus de d'avancée possible sur sa rééducation et donc il rentre début juin sans auxiliaire de vie attitré puisque les formalités administratives ne sont pas terminées. Donc la MDPH, la Maison départementale du handicap, n'a pas eu le temps nécessaire pour affilier des heures d'auxiliaire de vie.

Donc Rémi rentre à la maison et je deviens aidante. Alors, qu'est ce que c'est un aidant ? Eh bien, je ne vais pas vous faire la description d'une journée type. Par contre, je vous dirai simplement que c'est celui qui fera passer l'autre avant tout, avant soi même, même si les journées sont longues et parfois harassantes, cérébrales, les jambes, les poumons et pour d'autres personnes, bien d'autres choses, de ceux qui n'en ont plus ou qui ne peuvent plus s'en servir.

Alors je voudrais juste vous dire à tous que si vous croisez un aidant, soyez sa bouffée d'air frais. Car vous le savez parfois, les aidants sont à deux doigts de ne plus respirer.